Construit sous le Second Empire au bas de la Canebière, à deux pas du port,
le somptueux palais de la Bourse de Marseille, élevé au coeur de la cité, était le
symbole de la puissance et de la modernité d’une ville qui ambitionnait de devenir une des capitales commerciales du monde.
Pour donner à l’édifice un environnement urbain digne de lui, il fallait aménager
les vastes espaces à récupérer sur le vieux quartier délabré qui le bornaient au
nord : les terrains « de derrière la Bourse », une appellation que les Marseillais
prirent l’habitude d’utiliser faute de mieux.
Les projets de rénovation et les destructions se succédèrent sans qu’on parvînt
à décider du sort final de ce vaste espace inoccupé devenu terrain vague.
Le vingtième siècle y découvrit les vestiges antiques de Massalia et y fit naître un
pôle économique, commercial et culturel qui amorçait le renouveau d’un centre-ville passant aujourd’hui par la réhabilitation programmée d’un coeur historique élargi.
Avec cette nouvelle livraison s’achèvent pour moi vingt-trois années passées à
la direction de la revue Marseille. La participation ponctuelle ou plus régulière
de centaines de collaborateurs et d’amis m’a permis d’assurer avec la complicité de Michel Schefer et d’Emmanuel Laugier, directeurs artistiques successifs, la parution de quatre-vingt-cinq numéros thématiques visitant tous les champs de l’action patrimoniale et culturelle de Marseille : une aventure intellectuelle et humaine qui m’a permis de servir avec passion une ville qui reste l’objet essentiel de mes travaux historiques.
C’est en toute confiance que je passe le relais à mon successeur. Je le sais animé
d’une égale passion. Je lui souhaite bonne chance et autant de bonheur que j’en ai eu à conduire pendant près d’un quart de siècle la revue Marseille.
Et anticipant le sujet de son prochain numéro, je lui dis « Bon vent et bonne voile ! »
Pierre ECHINARD