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Cinéma, Marseille en images - No 267

Cinéma, Marseille en images
Prix :
8,00 €

L’art et l’engagement politique ont un point commun : les deux sont une réponse à une urgence, ressentie au fond de soi. Une urgence à dire et à faire quelque chose.

La politique veut changer le monde par une action collective.
L’art change les êtres, en provoquant des émotions qui naissent au plus profond de nous.
Ce numéro de la Revue Marseille est consacré à une forme d’expression artistique, le cinéma. La crise qu’il traverse, liée à une pandémie comme dans le mauvais scénario d’un film-catastrophe, nous rappelle que Marseille est aussi dans une urgence.

Notre ville fut Capitale européenne de la culture en 2013, elle est riche de deux millénaires de civilisations, mais elle est devenue une ville où l’art et la culture ne sont plus partagés.

Les Marseillais ne savent même plus ce qui se passe dans leurs musées ou leurs théâtres, l’information culturelle est inexistante depuis...le siècle dernier ! Les équipements destinés au partage des arts et des livres – bibliothèques, écoles de musique, cours d’arts plastiques, lieux de pratique culturelle pour tous…– sont indignes de la deuxième ville de France. La défense de la culture est donc devenue une urgence. Notre urgence. La culture à Marseille doit aller partout. Nous allons rouvrir des Maisons des cultures et restituer leurs droits culturels aux Marseillais, pour que chacun puisse pratiquer un art, avoir accès à une vie culturelle, exprimer sa liberté de créer. Les priorités sont les bibliothèques et la lecture publique, l'éducation artistique et culturelle pour les plus jeunes, une ouverture au monde sans laquelle il ne peut exister de véritable démocratie culturelle.
Nous voulons que la culture hip-hop trouve des lieux d’expression, que les nuits soient animées de fêtes, même s’il faut pour cela élargir les horaires des transports en commun ou un réseau de transport public fonctionnant toute la nuit avec des arrêts à la demande. Mais nous voulons aussi obtenir le statut d’Opéra national pour l’Opéra de Marseille, pour qu’il bénéficie des financements d’État et métropolitains, pour une plus grande capacité de production et de diffusion, et un auditorium comme toutes les grandes villes.
L’urgence est de soutenir la création artistique dans toutes ses expressions, pour que chacun puisse y accéder, y contribuer, la partager, pour que personne ne s’interdise de proposer des projets, s’ils sont réalisables dans le mandat. Le but n’est pas de proposer le Marseille de 2040, mais de réaliser le Marseille de 2026 : nous avons un train de retard, nous allons le rattraper. Et nous referons de Marseille un pôle de qualité artistique accessible à tous et qui attire les plus grands artistes.
Bien sûr, la Covid nous contraint. Et le gouvernement ne nous aide guère, qui nous pousse d’un côté à ouvrir les établissements scolaires ou à remplir jusqu’à saturation nos moyens de transports publics, et d’un autre côté bloque les salles de cinéma, les théâtres et les concerts, imposant des conditions d’exploitation qui n’autorisent pas la survie économique.
Mais un virus ne changera pas Marseille. Notre ville résistera et restera notamment une ville de cinéma. C’est une affaire d’histoire(s), de lumière, de personnages contrastés, des tragiques qui font rire, des comiques qui font pleurer. Comme le répète mon adjoint à la culture, Jean-Marc Coppola : « Le cinéma fascine et Marseille dérange : peut-on rêver d’une meilleure alchimie pour faire des films ? » Notre volonté et notre ambition sont d’accueillir encore plus de créations et de productions, et que notre cité devienne une plateforme des métiers du cinéma.
Michèle Rubirola,
Maire de Marseille