En cette période difficile, qui se prolonge avec les rebonds d’une pandémie, une situation internationale bouleversée et une évolution économico-sociale tendue, Noël s’annonce… Malgré tout ce qui advient au quotidien, nous nous réjouissons de l’arrivée de cette parenthèse attendue. Nos ancêtres connurent de semblables conjonctures, souvent pires, et comptèrent sur les fêtes pour oublier, un temps, de dures réalités. Depuis la plus haute Antiquité, voire la Protohistoire, des rites visèrent à conjurer les peurs ancestrales, à exorciser les affres de l’hiver, de la disette et de la froidure. L’imaginaire populaire fit le reste pour que les récoltes soient prometteuses au printemps venu, et la vie de continuer.

Sachons profiter de la « Trêve des confiseurs » bien nommée, où l’on offre douceurs, cadeaux et étrennes. Avec cette parenthèse, qui n’a été établie qu’avec la Constitution de 1875 instituant la Chambre des députés et le Sénat, mais ceci est une autre histoire, il nous semble que tout s’embellit. Nous voici les bras chargés en des boutiques achalandées, des rues illuminées, des sapins enguirlandés ici et là. Les familles vont se réunir pour le plaisir des petits et des grands… Tout est là pour nous faire oublier, certes momentanément, des actualités anxiogènes.

En ce dernier trimestre 2022, la revue Marseille a choisi d’en revenir à nos fondamentaux : les traditions. « La plus populaire du terroir marseillais, c’est certainement celle de la Noël », avait écrit André Bouyala d’Arnaud, l’ancien conservateur des Bibliothèques de Marseille, au début des années 1960 ; elle l’est encore soixante ans plus tard ! Volontairement, nous nous sommes placés dans le giron de Frédéric Mistral, qui eut à cœur de maintenir les us et coutumes de sa Provence natale et faire de Marseille la capitale de son « Empire du soleil ». Comme ce Prix Nobel de littérature le clama, « Conservons du passé les grandes fondations. Les arbres aux racines profondes sont ceux qui montent haut ».

Bien des éléments ont changé, mais l’essentiel a été préservé, avec les moments privilégiés avec les siens et les autres, qui continuent d’émerveiller les enfants, mais aussi à enchanter leurs parents. Le présent numéro se propose, en faisant leur inventaire de l’Avent à la Chandeleur, d’évoquer ces célébrations religieuses et réjouissances profanes, d’expliciter leur évolution récente. Pour les natifs de Marseille, ce sera une utile révision, et pour les néo-Marseillais autant d’éléments de compréhension pour qu’ils s’imprègnent mieux encore des particularités de cette cité méditerranéenne : des traditions partagées pour un meilleur vivre ensemble.

A tous, l’équipe de la revue Marseille souhaite de Bonnes Fêtes.

« Alègre ! Alègre ! » Réjouissez-vous !

Patrick Boulanger,

Directeur de la Revue Marseille