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Marseille, ville de résistances 1940-1944 - No 275

Marseille, ville de résistances 1940-1944
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8,00 €

Aux lendemains de la défaite de 1940, des persécutés et des dissidents tentèrent d’échapper au destin barbare qui les attendait. Marseille, ville d’accueil depuis toujours, devint la cité de l’espoir, la porte s’ouvrant vers la liberté. Se rebellant contre le régime du maréchal Pétain et l’occupation d’une partie du territoire, bien des Marseillais et Marseillaises portés par leurs idéaux se dressèrent ; de multiples solidarités apparurent. Aux réactions individuelles, s’ajouta une résistance de sauvetage portée par des organisations caritatives, souvent confessionnelles. Multipliées, les diverses formes de courage favorisèrent l’émergence de réseaux œuvrant dans la clandestinité. Mieux structurés, des mouvements se constituèrent ; leurs noms étaient explicites : Combat, Libération, avant Francs-Tireurs. L’« Armée de l’ombre » allait engager sa lutte armée. Ainsi, Marseille devint la première capitale de la Résistance, avant Lyon et Paris.

1943. Les forces de répression s’acharnèrent sur elle. Une partie de la vieille ville vidée manu militari de ses habitants, nombre de ceux-ci étant alors voués aux camps de la mort, fut détruite systématiquement : l’horreur perpétrée aux alentours du Vieux-Port naguère si paisible… Les bombardements aériens, les combats pour la libération de Marseille apportèrent encore leurs lots de victimes, l’opposition à l’ignominie comme le patriotisme conduisant souvent au sacrifice ultime : le don de sa vie. Bien des voies de Marseille en conservent le souvenir. Une passionnée de l’odonymie urbaine nous confia que près de 200 artères et lieux portent le patronyme de résistants arrêtés, torturés, assassinés ! Le Mémorial des déportations installé dans un ancien blockhaus témoigne du destin tragique d’innocentes victimes. Ailleurs, des plaques évoquent de dramatiques évènements en des quartiers martyrs, comme celle récemment dévoilée sur le parvis de l’Opéra.

2023. 80 ans se sont écoulés depuis les destructions, les génocides… La revue Marseille a tenu à s’associer au nécessaire devoir de transmission afin que l’inimaginable, un temps devenu réalité, ne se reproduise plus. Encadré par les professeurs des Universités Robert Mencherini et Jean-Marie Guillon, avec d’autres historiens, des journalistes et des écrivains, ce numéro entend rappeler des aspects souvent méconnus de la période qui court de la Drôle de guerre à la Libération, entre incompréhensions et révoltes, larmes et cris de joie, d’utiles éléments de réflexion en notre XXIe siècle tourmenté. De ce passé marseillais bouleversant, sachons garder la mémoire.

Patrick Boulanger,

Directeur de la revue Marseille